Gulliver’s Travels, Jonathan Swift

En quelques mots : Les extraordinaires mésaventures de Lemuel Gulliver, un chirurgien avide de voyages, dont les pérégrinations l’amènent à Lilliput, terre des liliputiens, mais aussi dans de nombreuses autres contrées remarquables, où ses préjugés sur la supériorité de sa culture occidentale finissent par être mis à rude épreuve.

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Premières lignes : « My father had a small estate in Nottinghamshire; I was the third of five sons. »

Vous connaissez sans doute les aventures de Gulliver chez les Liliputiens, ces être minuscules qui finissent par adopter le héros. Mais il ne s’agit là que de la première partie des voyages de Gulliver, qui se retrouve tour à tour chez les géants de Brobdingnag, où sa petite taille lui fait souvent courir des périls mortels, à Laputa, dont les habitants ne vivent que pour les sciences et la musique, et enfin chez les Houyhnhnms – si leur nom ressemble à un hennissement, c’est parce que ce peuple a l’apparence de chevaux, mais sont dotés d’une raison supérieure aux humains.

Pendant ses premiers contacts avec ces étranges civilisations, Gulliver est fier de sa patrie et ne remet jamais en question la suprématie de la civilisation britannique sur toutes les autres, qu’il s’agisse de l’agencement de la société, du système de gouvernement ou de la justice du pays.

Mais au terme de son 4e voyage, il tombe sous l’autorité morale du peuple-cheval, dont il reconnaît la sagesse supérieure, et se met petit à petit à mépriser toute forme humaine. S’il est assez classique dans la littérature du XVIIIe siècle de créer la satyre en faisant voyager son héros dans des contrées imaginaires, Les Voyages de Gulliver se distinguent néanmoins par le comique parfois un peu troupier qui traverse l’œuvre : Gulliver éteint un incendie en soulageant une envie naturelle, Gulliver est horrifié en voyant une nourrice faisant 10 fois sa taille donner le sein à un enfant, et s’étend copieusement sur l’épouvante qu’il ressent en voyant un téton d’un mètre de large, etc.

Il s’agit donc d’une lecture assez amusante pour les plus jeunes, mais aussi d’une source de réflexion sur l’efficacité des systèmes politiques, démontés à travers la présentation de sociétés utopiques où la répression est bien moindre que dans l’Angleterre des Lumières – enfin… dans l’un des archipels visités par Gulliver, le pouvoir est détenu par un roi absolu qui vit dans une sorte d’île volante, et lorsqu’une ville se soulève contre l’exécutif, la réponse consiste purement et simplement à abattre l’île sur la ville afin de l’anéantir.

« He said so many other obliging things, and I knew him to be so honest a man, that I could not reject his proporal : the thirst I had of seeing the world, notwithstanding my past misfortunes, continuing as violent as ever. »

Si vous avez aimé Les Voyages de Gulliver, je vous recommande : Micromégas, de Voltaire.